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La transmission des savoir-faire : un enjeu vital pour l’artisanat

À l’occasion du centenaire des Chambres de Métiers et de l’Artisanat, nous avons rencontré, le mois dernier, Thomas Marteau, dirigeant de l’entreprise Billards Bréton, installée à Orgeval dans les Yvelines.

bandeau article transmission des savoir-faire - Billards Bréton

Un savoir-faire rare, cherchant preneur

Fondée en 1851, cette entreprise familiale est l’une des dernières en France à fabriquer des billards selon des méthodes artisanales d’exception. Chaque table est conçue avec des bois nobles, des ardoises soigneusement ajustées, des tissus haut de gamme et un travail millimétré pour garantir une planéité parfaite.

Au cœur des ateliers, plusieurs artisans expérimentés façonnent ces pièces uniques depuis parfois plusieurs décennies. Ce sont eux qui détiennent le geste juste, le coup d’œil affûté, la méthode éprouvée qui font la réputation de la maison.

Pourtant, derrière cette excellence se cache une préoccupation majeure : le recrutement

Lorsque Ronan Keraudren, Président de la CMA IDF Yvelines a interrogé Thomas Marteau, ce denier a fait part de sa volonté de recruter de nouveaux collaborateurs techniques mais également de la difficulté que cela représente.

En effet, trouver des professionnels formés, capables d’être opérationnels rapidement, est devenu extrêmement difficile. Les compétences mobilisées exigent des années d’expérience. Les profils maîtrisant ces compétences sont rares et souvent déjà en poste, très investis dans leur atelier ou à leur compte et peu envisagent un retour au salariat.

Dans de nombreux métiers d’art et secteurs techniques, l’offre d’emploi existe, mais les candidats formés manquent. Une équation qui fragilise la transmission et met parfois en péril des pans entiers de savoir-faire français.

Apprendre un métier : un temps long, face à une économie du court terme

Dans notre société marquée par l’immédiateté et la production rapide, les métiers artisanaux souffrent d’un profond paradoxe. Leur apprentissage nécessite du temps, de la patience, de la répétition, parfois plusieurs années pour atteindre un niveau de maîtrise suffisant.

À l’inverse, les attentes économiques privilégient la rapidité et la rentabilité immédiate. De fait, certains jeunes hésitent à s’engager dans des formations longues, pourtant garantes d’un véritable avenir professionnel.

Les métiers d’art sont particulièrement touchés. Ils demandent une précision extrême, une compréhension intime de la matière, une culture du détail qui ne s’acquiert qu’au fil de nombreuses heures d’atelier. 

« On ne s’invente pas artisan, on le devient. »

Entre politiques de soutien et signaux contradictoires

Depuis plusieurs années, l’apprentissage est présenté comme une priorité nationale. Les aides financières aux entreprises, l’amélioration de la rémunération des apprentis et la valorisation des filières manuelles ont contribué à renforcer son attractivité.

Mais ces efforts peinent parfois à compenser certaines mesures perçues comme défavorables par le terrain :

  • baisse progressive de certaines aides à l’embauche
  • réduction de l’exonération des cotisations sociales des apprentis
  • incertitudes budgétaires récurrentes
  • baisse du niveau de financement de certaines formations
  • réformes successives complexifiant la lisibilité du système

Ces variations créent un climat d’instabilité, en particulier pour les secteurs qui ont besoin de temps long pour former des professionnels qualifiés. Les entreprises artisanales, souvent petites et très spécialisées, ont besoin de visibilité pour s’engager durablement dans la transmission.

Un enjeu collectif : préserver les métiers, soutenir les vocations

La visite des ateliers de Billards Bréton illustre parfaitement l’urgence de la situation. Sans actions structurées et continues, la mise en place de formations adaptées, de soutien politique durable et de reconnaissance accrue, certains savoir-faire risquent bel et bien de disparaître.

Pourtant, les métiers artisanaux attirent encore par leur dimension humaine, la satisfaction du travail bien fait et la possibilité d’exercer un métier porteur de sens.

Il appartient désormais aux institutions, aux entreprises et aux acteurs de la formation de renforcer ensemble les passerelles entre les jeunes, les demandeurs d’emploi, les personnes en reconversion et ces métiers qui n’attendent qu’eux.

Dans les ateliers de Billards Bréton, les artisans rencontrés parlent avec passion de leur métier. Ils montrent ce que signifie façonner un objet unique, transmettre un geste, préserver une tradition.

L’avenir de l’artisanat repose avant tout sur la transmission et sur la capacité collective à la rendre possible.

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Table de billard Billards Bréton
Découvrez l'hisoire des Billards Bréton
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