Les métiers d’art, incarnations d’un savoir-faire ancestral, représentent une richesse économique et culturelle inestimable. Pourtant, ces métiers font face à des défis majeurs en matière de transmission et de pérennité. Une étude menée par L’Institut pour les Savoir-Faire Français et Xerfi Specific, en partenariat avec le Ministère de la Culture, la Fondation Bettencourt Schueller, le Comité Colbert et Terre & Fils, vient éclairer les enjeux cruciaux de l’apprentissage et de la formation dans ce secteur. Publiée par Les Éclaireurs, cette analyse révèle les défis et les opportunités pour garantir l’avenir des métiers d’art en France.
Un secteur riche, mais fragile
Les métiers d’art englobent des professions variées : ébénistes, céramistes, maroquiniers, verriers et bien d’autres. Ces professions partagent des valeurs communes telles que la maîtrise technique, l'ancrage territorial et le respect des matériaux. Selon l’étude, le secteur regroupe 234 000 entreprises et 500 000 actifs, générant un chiffre d’affaires de 68 milliards d’euros, dont 14 % à l’export.
Malgré ce poids économique significatif, la transmission des savoir-faire reste un défi majeur. L’étude signale que 37 % des dirigeants de ces entreprises ont plus de 55 ans, et moins de 20 % ont engagé une démarche de transmission. Ce manque de préparation risque de fragiliser la pérennité des métiers d’art à court terme.
La nécessité de l’apprentissage et de la formation
Les métiers d’art exigent des années d’apprentissage et une maîtrise technique approfondie. Toutefois, 63 % des entreprises employeuses n’ont pas recours à l’apprentissage. Cette faible implication dans l’alternance est préoccupante, d’autant plus que 39 % des métiers d’art ne bénéficient pas de diplôme ou de certification officielle.
L’étude souligne que l'attractivité de ces métiers repose sur une meilleure reconnaissance de ces formations. Il est crucial de valoriser les cursus professionnels et de favoriser les reconversions, déjà présentes dans le secteur où 40 % des dirigeants sont issus d’une reconversion professionnelle.
Des savoir-faire à préserver
Les artisans détiennent des compétences rares, souvent non reproductibles par des moyens industriels. Cette spécificité constitue un atout pour l’économie locale et nationale. En effet, 81 % des salariés des métiers d’art travaillent en dehors des grandes métropoles. Cela participe à la vitalité économique des régions tout en renforçant le patrimoine local.
Cependant, l’étude révèle qu'un quart des salariés détenant un savoir-faire d’exception a plus de 55 ans. L’urgence de transmettre ces compétences est donc manifeste pour éviter leur disparition. Cette transmission nécessite une action concertée entre l’État, les collectivités territoriales, et les organismes de formation.
Les enjeux pour demain
Face à ces défis, plusieurs actions sont recommandées par l’étude. Il s’agit notamment de développer des parcours de formation adaptés, d’encourager le recours à l’apprentissage et de renforcer la reconnaissance des diplômes. La sensibilisation du public, en particulier des jeunes générations, est également cruciale pour assurer le renouvellement des talents.
La Chambre de Métiers et de l'Artisanat joue un rôle central dans cette sensibilisation. La CMA Île-de-France a à cœur d’assurer cette mission en valorisant les métiers d’artisanat et en accompagnant les jeunes vers l’apprentissage. En mettant en lumière ces professions souvent méconnues, la CMA contribue à maintenir la transmission des savoir-faire et à garantir la pérennité de ces métiers.
Le secteur des métiers d’art est à un carrefour stratégique. Sa survie passe par une transmission efficace des savoir-faire et une meilleure visibilité des opportunités professionnelles qu’il offre. Comme le souligne l’étude des Éclaireurs, ces métiers ne sont pas seulement des vestiges du passé, mais bien des moteurs de l’économie et de l’innovation durable.